Depuis le tournant industriel du xixe siècle, les déchets s’accumulent et posent des problèmes majeurs de stockage, de pollution et de recyclage. Ils tiennent une place majeure dans notre environnement écologique, économique et mental. Pourtant, la civilisation moderne les refuse : elle les évacue en périphérie, elle les enterre, elle les rejette comme étant abjects. On ne doit pas toucher les déchets. Or les écrivains ont souvent joué avec les détritus, à tel point que l’on a parfois rapproché l’écriture et l’ordure. Les figures d’éboueurs, l’exploration des égouts, les descriptions des immondices font de la littérature française une véritable décharge où s’entassent tout ce qui a été mis au rebut par la société. Cette affinité est étonnante. Pourquoi la littérature prend les déchets comme objet ?  Que fait-elle donc avec et que font les déchets à la littérature ? Il y a-t-il une revalorisation du déchet ou une dévalorisation de la littérature ? Plus encore, si le déchet est considéré comme une matière, un résidu inutile, ne peut-on pas considérer la littérature comme une sorte de déchet ?

Le séminaire s’intéressera aux rapports qu’entretiennent la littérature et les déchets, à leurs fonctions de révélation, de matière première et de recyclage à travers des extraits d’öuvres du du xviiiau xixe siècles : Victor Hugo, Baudelaire, Céline, Ponge pour ne citer que les auteurs les plus connus. On touchera du doigt les aspects historiques mais aussi formels de thèmes comme la figure du chiffonnier, les égouts, les toilettes ou la merde. Le séminaire se déroulera en français.